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Cueillir la terre, projet réalisé pour l'événement "Jardin de pommes et d'argile", les 28-29 septembre et les 5-6 octobre 2019, au 994 Chemin de la montagne, Mont Saint-Hilaire. 

Depuis 2011, la cueillette d’argile en nature a ouvert tout un pan de recherche qui s’ajoute à mes

préoccupations artistiques. J’en ai cueilli à Inukjuak, aux Escoumins, à Dawson City et sur la réserve de la Première Nation des Semiahmoos. Chaque fois que je tiens dans mes mains des mottes de terre nouvelle, j’ai le sentiment de découvrir un monde singulier qui porte une mémoire et raconte, dans sa matérialité, un territoire et une histoire intimement liée à celle des communautés qui l’habitent.
 

C’est la première fois que je cueille de l’argile dans la grande région de Montréal, là où j’habite. Après
quelques recherches, j’ai compris que pour en trouver dans ce que les géologues appellent la plaine de Montréal, il faut creuser. Jusqu’à maintenant toutes les terres que j’ai trouvées étaient en surface. Grâce aux indications du directeur du parc nature du Mont-Saint-Hilaire, monsieur Éric Malka, j’ai trouvé un chantier de construction à Beloeil près de la rivière Richelieu et près du mont Saint-Hilaire. Je m’y suis rendue et avec la permission du chef de chantier, j’ai cueilli de l’argile dans un immense amas de terre fraîchement creusée. Aussi, monsieur Girouard, ingénieur agronome nous a accompagnés sur une des terres de sa famille à Saint-Hyacinthe, avec l’idée de creuser au fond d’une canalisation d’irrigation, question d’éviter l’usage d’une mini excavatrice! L’argile de cette source est sans gravier ni sable. Les deux sont extrêmement plastiques.

 

Les oeuvres que je propose dans le cadre de cette exposition sont faites de l’une ou l’autre de ces argiles. Elles sont aux fondements des spécificités de la région et des richesses qu’elles nous lèguent. « La plaine de Montréal fut le principal bassin de sédimentation d’argile et de limon, de la mer de Champlain et du lac Lampsilis, qui ont successivement recouvert les dépôts glaciaires mis en place à l’époque du Quaternaire. Ainsi
dominent dans cette région des dépôts de sols argileux et limoneux souvent stratifiés... 1» Aujourd’hui, ces terres sont considérées comme parmi les meilleures terres agricoles du Québec.

 

Ce sont 10 000 ans et plus d’histoire. Manipuler dans mes mains une terre si ancienne qui rend compte d’une évolution dont nous sommes tributaires donne le vertige. Ces argiles nous donnent à voir et à entendre la richesse de notre territoire. Les argiles cueillies sont grises à l’état naturel et orangées une fois cuites à cause du fer qu’elles contiennent. Mais de toutes les argiles avec lesquelles j’ai travaillé, ces argiles-ci résonnent le mieux. L’onde sonore émise est audible plusieurs secondes. Comme si de la profondeur du temps surgit encore une voix.
 

Persistante, elle nous invite à l’écouter avant qu’il ne soit trop tard.

 

Commentaire d'Olivier Dénommée dans le journal local l'Oeil Régional

1.http://sis.agr.gc.ca/siscan/publications/surveys/pq/pqb7/pqb7_report.pdf

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